Le bilan de compétences, en quelques questions informelles...

Le bilan de compétences a de plus en plus le vent en poupe, en ces temps d’incertitude professionnelle et de recherche du bien-être au travail. Présenté à tort et à travers, son contenu est mal connu et ses objectifs obscurs. Perçu comme étant LE bilan des compétences (sic!) du bénéficiaire, c’est à dire un état des lieux à l’instant T de ce que sait faire le candidat sorti de tout contexte, plusieurs aspects de cet accompagnement sont de ce fait occultés.

 

Sortons de la traditionnelle description de l’accompagnement (6 à 12 rdv répartis sur 4 à 6 mois, 3 étapes…) et intéressons-nous aux 3 questions qui sont systématiquement posées par les personnes souhaitant en mettre un en place :

 

A quoi sert un bilan de compétences ?

 

 

A faire une pause ! Chacun est pris par son quotidien : la famille, les enfants, la maison, les courses, les loisirs, etc… et le travail. Une routine s’installe, au travers d’un rythme de vie plus ou moins soutenu et par là même, un relatif confort, lié aux habitudes : on sait ce qu’on a à faire et comment le faire. On vit presque « en automatique ».

 

Cela s’installe tout particulièrement dans la vie professionnelle : on connaît son travail et on sait gérer les principaux impondérables. Se créé alors un cercle vicieux, que les personnes que nous accompagnons décrivent à peu près en ces mots (et que nous condensons ici!) :

« Comme je fais mon travail facilement, c’est qu’il n’est pas très compliqué, donc tout le monde peut le faire, donc je ne sais rien faire de spécial ». 

 

En effet, à force de répéter les mêmes gestes, les mêmes procédures, de faire et de refaire les mêmes choses, on devient un expert dans son domaine et on finit par ne plus prêter attention à tout ce que l’on mobilise pour arriver aux résultats qui sont attendus.

 

Prenons l’exemple d’une secrétaire à qui nous demandons, pendant son bilan de compétences, ce qu’elle fait lors d’une journée de travail normale :

  • Répondre au téléphone

  • Taper des documents

  • etc.

 

De son point de vue, rien d’extraordinaire. Et pourtant…

 

Allons plus loin et voyons ce que ces deux tâches demandent comme connaissances, savoir-faire et qualités :

  • Répondre au téléphone : capacité à récupérer l’information (savoir qui appelle, pourquoi…), capacité à produire la réponse appropriée suivant des consignes préalablement reçues (filtrer, prendre le message, transmettre l’appel, etc.), transmettre l’information (à son supérieur par exemple), être souriante, être ferme au besoin, etc.

  • Taper des documents : avoir un esprit de synthèse, connaître les règles orthographiques et grammaticales, connaître un logiciel de traitement de texte, savoir taper rapidement sur un clavier, etc.

 

Voilà ce que mobilisent (en partie) ces deux tâches qui semblent courantes et somme toute, aux yeux des personnes les exerçant, banales. Faites cette analyse sur toutes les tâches courantes et ponctuelles, réalisées tout au long du parcours professionnel jusqu’à aujourd’hui et vous obtenez un état des lieux de vos acquis, objectif et exhaustif.

 

Néanmoins, cette analyse est rarement faite et c’est en cela qu’un bilan de compétences est un moment de pause dans une vie professionnelle : on s’arrête, on prend du recul et on examine en profondeur ce qu’on a développé.

 

Que va m’apporter la connaissance de tout cela ?

Tout dépend de ce qui en est fait : cela peut aboutir à un statu quo, à une formation en vue d’évoluer, à une reconversion voire à une création d’entreprise. Mais cela n’est pas la partie la plus importante de cette prestation !

 

Avant tout, cela permet de (re)trouver confiance en soi et en ses capacités. Et ce n’est pas rien !

 

En effet, quoiqu’il est fait des conclusions du bilan de compétences par le candidat, celui-ci repart avec un ego gonflé à bloc et avec une estime de lui plus importante qu’au démarrage de la prestation.

 

Mais cela est le bénéfice minimal : comme mentionné plus haut, l’autre aboutissement est l’émergence du souhait d’évoluer dans ses fonctions (se spécialiser, se diversifier, prendre des responsabilités…), et / ou de se reconvertir vers un métier plus en adéquation avec des aspirations personnelles.

 

La demande originelle qui sous-tend la mise en œuvre du bilan de compétences est souvent liée à un souhait de changement : lassitude de son métier, aspirations professionnelles autres que celles vécues, envie d’accomplissement personnel, ambition de se mettre à son compte… La prestation permet de valider ou d’invalider la ou les idées de départ et d’éventuellement en faire germer d’autres.

 

La connaissance de tous les atouts du candidat permet de valoriser les projets validés auprès des différents interlocuteurs qui interviendront dans ce parcours : centre de formation, financeur, etc.

Elle permettra aussi de mieux « se vendre », soit auprès de son employeur actuel en vue d’une promotion ou évolution de poste, soit dans le cadre d’une recherche d’emploi, car il saura mieux valoriser son expérience, ses motivations et ses savoirs-faire.

 

Comment saurai-je que mon bilan est réussi ?

Le bilan de compétences a pour objet la mise à plat des connaissances, des savoirs-faire, des qualités, des motivations, des freins, des blocages, de la personnalité et des priorités du candidat. Leur analyse permet d’aider le candidat à déterminer la suite qu’il souhaite donner à sa carrière, à court et long termes.

 

Nous constatons donc que cette prestation est particulièrement individualisée et s’adapte au maximum à chaque candidat, du fait que les connaissances, les savoirs-faire, les qualités, les motivations, les freins, les blocages, les traits de personnalité et les priorités des uns ne sont pas ceux des autres.

 

Ainsi, il est impossible pour un consultant de préjuger des résultats de l’accompagnement, ni de déterminer si ce dernier est une réussite ou non.

 

Il n’y a que le candidat pour juger si son bilan de compétences est réussi ou non : se connaît-il mieux ? Ressent-il de la motivation et de l’envie vis-à-vis des conclusions de la prestation ? A-t-il le sentiment d’avoir fait une pause dans sa vie professionnelle pour mettre à plat ses aspirations ?

 

Ces quelques questions permettent à chaque candidat de faire le point sur ce que le bilan de compétences lui a apporté et si cela correspond à ce qu’il attendait.

 

Il est cependant nécessaire de souligner qu’un suivi 6 mois après la fin de l’accompagnement est systématiquement mis en place, à la fois pour réajuster le plan de réalisation des projets retenus (plan d’actions) mais également pour faire un point « à froid » sur les ressentis du candidat sur le bilan. Cette double analyse des apports de l’accompagnement permet de mettre en perspective les ressentis, positifs et négatifs, et d’affiner les étapes de mise en œuvre du projet.

 

Indépendamment de ces réponses, nous, en tant qu’accompagnants, devons insister auprès de chaque personne que nous rencontrons dans le cadre du rendez-vous obligatoire de présentation du bilan de compétences sur quelques points :

  • Cet accompagnement n’est pas une solution miracle, il demande un investissement important en temps et en recherche de la part du candidat. Le conseiller est là pour orienter et mettre les éléments en perspective, mais c’est au candidat de s’approprier son projet en s’investissant dans les exercices proposés.

  • Dans le prolongement du point précédent, ce n’est pas au conseiller de dire ce pour quoi est fait le candidat et de lui construire de toute pièce un projet. C’est un accompagnant au sens premier du terme : il guide, il oriente mais il laisse le candidat faire ses choix et ne doit pas l’influencer dans ceux-ci.

  • Le bilan de compétences, c’est avant tout « se poser des questions que l’on ne se pose jamais » : de ce fait, cela peut être déstabilisant à certains moments (sentiment d’être perdu, découverte de traits de caractère mal vécue…). Cependant, en acceptant ces périodes et en continuant à « jouer le jeu », ces phases sont constructives et nécessaires à la bonne construction d’un projet.

 

En conclusion, cet accompagnement se démocratise de plus en plus du fait qu’il répond à des demandes actuelles et concrètes : de plus en plus de candidats souhaitent reprendre en main leur carrière, anticiper des mutations dans leur métier ou dans leur entreprise, ou concilier travail et valeurs personnelles. Il offre aussi une écoute importante et bienveillante, élément recherché dans un monde du travail où l’individu n’est pas toujours considéré.